La COP de Paris en 2015 avait initié le « marché des crédits carbone » afin de contrôler les émissions de gaz à effet de serre. En effet, ce mécanisme de marché est basé sur des quotas (pour rappel, cela se différencie de la taxe carbone qui est un impôt supplémentaire) et 5 critères afin d’en bénéficier (démontrer que le projet n’est pas viable sans le financement à travers la vente des crédits carbone, la quantité de CO2 séquestrée ou évitée doit pouvoir être mesurée, il faut pouvoir vérifier chaque année la quantité de CO2 évitée ou séquestrée, le projet doit s’inscrire dans la durée et les crédits carbone relatifs au projet en question doivent être inscrits sur un registre unique), permettant en contrepartie aux entreprises de mettre en avant leur conscience écologique, améliorant leur image de marque et leur réputation.
C’est dans ce contexte que l’entreprise émiratie Blue Carbon LLC a convenu d’un contrat sur trente ans avec le Liberia, lui donnant un droit exclusif sur un million d’hectares de forêts (soit 10% du territoire du Liberia).
Si le Liberia n’est pas le premier à utiliser ce système de « droit à polluer », les pays d’Afriques sont de plus en plus sollicités par les « grands pollueurs » afin de leur céder des droits sur leurs forêts. Le Liberia n’est d’ailleurs pas le premier pays à utiliser ce mécanisme, le Gabon puis le Ghana en décembre 2022 avaient déjà obtenu des millions en échange de la vente de crédits carbone.
Par ailleurs, l’entreprise Blue Carbon LLC serait déjà en discussion avec la Zambie et la Tanzanie. La Zambie serait déjà en négociation afin de céder huit millions d’hectares de ses forêts à l’entreprise.
Bien que l’initiative laisse à présumer des conséquences positives, les ONG penchent vers l’impact négatif que pourrait avoir ce système sur les pays pauvres et sur leurs populations, certaines évoquent notamment du « greenwashing » (« éco-blanchiment »). En effet, malgré la protection des populations avec la loi sur les droits fonciers de 2018, un accaparement des terres qui leur permettent de cultiver reste une possibilité. De surcroit, la contrepartie économique reversée aux populations ainsi qu’au pays, se limite respectivement à 5% de ce qu’en retirerait la société pour un « crédit carbone ».