Afin de tenir l’engagement du Président de la République de fermer les centrales à charbon d’ici trois ans, le gouvernement présente un plan d’actions axé sur la maîtrise de la consommation d’électricité et l’optimisation de la gestion du parc nucléaire. Un maintien ou une conversion à la biomasse de deux tranches à charbon est envisagé.
Le Président de la République s’est engagé à mettre fin à la production d’électricité à partir du charbon en France métropolitaine d’ici 2022.
Une réflexion sur des scénarios très dégradés est menée
Afin d’étudier les enjeux de la sécurité d’approvisionnement liés à l’arrêt des centrales à charbon, le ministre de la transition écologique et solidaire a demandé au gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) un rapport complémentaire à son bilan prévisionnel 2018.
Ce dernier confirmait l’absence de dégradation de la sécurité d’approvisionnement sous certaines hypothèses : développement des énergies renouvelables, mise en service de la centrale à gaz de Landivisiau et de l’EPR de Flamanville, réalisation de nouvelles interconnections avec la Grande-Bretagne (projet Eleclink) et l’Italie. Or de nombreuses incertitudes demeurent quant aux dates de mise en service de la centrale à gaz de Landivisiau et de l’EPR de Flamanville ou à la durée des visites décennales des centrales nucléaires.
Les analyses complémentaires réalisées par RTE prennent en compte des hypothèses très défavorables (indisponibilité des sources jusqu’en 2024). Parmi les variantes étudiées, c’est le report de l’EPR qui constitue la situation la plus pénalisante pour le système français. Ce retard conduit à lui seul à un déficit de capacités significatif.
Elles montrent que la sécurité d’approvisionnement serait dégradée à l’horizon 2022 en cas de mise à l’arrêt de toutes les centrales à charbon sans mise en œuvre de mesures additionnelles. Toutefois, le risque identifié est transitoire, il devrait être résorbé en 2024 au plus tard.
Une nouvelle évaluation de la sécurité d’alimentation sera réalisée en novembre 2019, avec le prochain bilan prévisionnel. Elle permettra de disposer d’informations plus précises sur la trajectoire effective de consommation, l’horizon de mise en service de l’EPR, de la centrale de Landivisiau, de l’interconnexion Eleclink ou encore des premiers parcs d’éoliennes en mer.
Des actions pour réduire les gaspillages d’électricité et la pointe électrique
En premier lieu, il apparaît nécessaire d’intensifier les efforts en matière de maîtrise de la consommation d’électricité, en particulier celle de la pointe de demande d’énergie en cas de grand froid. Le gouvernement doit prochainement présenter ces mesures additionnelles d’économies d’énergie.
Les principaux gisements de baisse de la consommation portent sur les usages liés à l’éclairage, le froid, les technologies de l’information et de la communication. La baisse de consommation est avant tout le fruit des mesures d’écoconception et d’efficacité énergétique dont la diffusion est assurée par le renouvellement des équipements électriques.
Plusieurs mesures pourraient être mises en œuvre pour faire baisser les consommations d’électricité lors des périodes de pointe comme la rénovation des logements. Les actions doivent aussi cibler la mobilité électrique, le secteur tertiaire, le numérique.
Respect du calendrier des visites décennales des réacteurs nucléaires
Des marges de manœuvre supplémentaires résident dans l’optimisation de la date et de la durée des arrêts planifiés des réacteurs nucléaires pour les visites décennales sur la période 2021-2023. Cela permettrait de réduire le risque d’indisponibilité des réacteurs pendant l’hiver.
RTE demande d’être mieux informé du planning de visites, voire impliqué. Le calage précis de ce calendrier sera discuté dans les semaines à venir avec l’ASN et RTE.
Le Réseau Action Climat confirme la nécessité d’actionner le levier de l’adaptation du calendrier des visites décennales des centrales nucléaires. Toutefois, ces visites doivent être anticipées et non fortement décalées dans le temps, ce qui pourrait constituer une prise de risque en matière de sûreté nucléaire.
Maintien de deux tranches à charbon ?
Enfin, en cas de de retard dans le démarrage de l’EPR de Flamanville, la zone du Grand Ouest pourrait connaître des difficultés d’approvisionnement. Dans ce cas, le maintien de la disponibilité de deux tranches (fonctionnant au charbon ou converties à la biomasse) est envisagé.
D’ici 2024, la durée moyenne de fonctionnement des groupes charbon maintenus ou convertis resterait inférieure à une vingtaine d’heures par an, dans le scénario hivernal le plus défavorable, elle serait d’environ 250 heures au maximum. L’activation des groupes ne serait nécessaire que certaines années, uniquement en cas de vague de froid. Dans cette optique, la centrale de Cordemais serait mise à l’arrêt et gardée en veille.
Un projet de reconversion de cette centrale est aussi à l’étude. Le projet « Ecocombust » défendu par EDF consiste à fabriquer des pellets à partir de déchets de bois. EDF doit inscrire son étude sur sa faisabilité et s’est engagée à fournir au gouvernement les éléments nécessaires (caractéristiques techniques, économiques et écologiques du projet) à une prise de décision à l’automne 2019.
Pour le Réseau Action Climat, le projet de reconversion biomasse est surdimensionné par rapport aux besoins chiffrés par RTE. En effet, le projet Ecocombust n’est rentable que si deux tranches fonctionnent au moins 800 heures par an, bien au-delà des quelques dizaines d’heures jugées potentiellement nécessaires par RTE pour garantir la sécurité d’approvisionnement.
Préparer l’après-charbon
Afin d’accompagner la fermeture prochaine des centrales à charbon, des projets de territoire sont élaborés :
– en Moselle, pour la centrale de Saint-Avold ;
– dans les Bouches-du-Rhône, pour la centrale de Gardanne-Meyreuil.
Leur objectif est de proposer des projets reposants sur les atouts du territoire, créateurs d’emplois locaux et à haute valeur environnementale.
Un pacte territorial de la transition écologique et industrielle du Havre Seine Métropole est également lancé. Il va permettre d’accompagner économiquement et socialement les salariés et les sous-traitants de la centrale et de soutenir le développement de nouvelles activités locales.